25 août 2022 - Sommaire de l'EmbrunMan
Mon cœur s'est emballé, même si je ralenti à la course ou que je marche, mon moniteur cardiaque affiche un niveau de pulsations cardiaques anormalement élevé. Il me reste seulement qu’un demi-marathon à courir, pas de crampe, les jambes sont encore solides mais, comme me le recommande sagement mon frère, je dois me résigner à ne pas terminer mon Ironman. Ce n'est pas facile à accepter, à la suite de près de deux années d'entraînement où je me suis investi avec le support des gens proches de moi dont Nathalie mon amoureuse ainsi que Marc Lavoie, un athlète très sénior, qui m'a régulièrement accompagné et encouragé dans mes sessions d'entraînement. De plus, je sais que je vais garder un souvenir teinté de déception d’avoir failli et avec lequel je vais devoir composer à chaque fois que je vais parler de cet évènement.
Néanmoins, malgré cela, je demeure convaincu d'avoir pris la bonne décision. J'ai seulement 60 ans, il me reste plusieurs belles années devant moi à vivre, à partager avec Nathalie et il aurait été irresponsable de mettre ma vie en danger. Je remercie mon frère pour son conseille teinté de sagesse. Il va y avoir d'autres évènements pour me dépasser dans la vie sans pour cela mettre prématurément un terme à ma vie.
Nonobstant ce qui précède, l'EmbrunMan est une super expérience à vivre.
Le premier segment de natation où les 900 participants se lancent, dans la noirceur, supporté par le bruit des encouragements des supporteurs est probablement un des moments le plus grisant qu'un triathlète aura la chance de vivre. Naturellement, cette natation n'est pas du gâteau! Bien que je me considère très à l’aise dans l'eau, ça brassait vraiment très fort durant les 5 à 10 premières minutes. Certaines personnes comparent ce feeling avec un passage dans une vieille machine à laver. Ensuite, la distance entre les nageurs est devenue suffisante pour nager normalement et les rayons du soleil sont progressivement apparus nous permettant d'y voir un peu plus clair.
Après avoir réussi à m’extirper de ma combinaison isothermique (je ne suis pas très flexible!), on débute le redoutable segment de vélo. 188 km de côtes en perspective. Je prévoyais traverser ce segment en un peu plus de sept heures (2 heures de plus qu'un Ironman typique). J'ai finalement investi un peu plus de huit heures pour boucler cette étape.
Dès le départ, on attaque une première montée difficile d'une dizaine de kilomètres avec un pitch dont le pourcentage d’inclinaison atteignait 22 % (et ce n'est pas une blague). Il est alors impératif de l'attaquer sur le bon braquet! (sinon, il faut mettre le pied à terre pour ne pas reculer !)
Après le kilomètre 42, on attaque le plat de résistance du parcours, le col de l'Isoard. Un col mythique qui a souvent fait partie de la grande boucle du Tour de France. L'ascension débute progressivement et en douceur avant d'atteindre la dernière portion (20 km) où l’on doit pousser très fort puisque le pourcentage d’inclinaison moyen variants autour de 10 %. Ce col nous permet de cheminer jusqu'au kilomètre 98 (approximativement la mi-parcours). Heureusement, la température était idéale et la vue sur les montagnes environnantes spectaculaire. Pour les amateurs de statistiques, j’étais étonné de ma forme physique, selon mon capteur de puissance je poussais entre 250 et 300 watts.
Arriver au sommet, après avoir enfilé une petite veste, compléter mon ravitaillement en victuailles on bascule dans une longue descente ou l'objectif est de rester en vie! Ça descend très vite et les virages succèdent... ce n'est plus le temps d'apprécier le paysage mais plutôt de demeurer concentré sur la route afin de ne pas se faire piéger par une dégradation de la chaussée ou de tenter de négocier un virage à une vitesse trop élevée. Le col de l'Isoard est LA difficulté du parcours que tous les participants connaissent et appréhendent. Toutefois, il ne faut pas sous-estimer les derniers 1 000 mètres d'ascension à grimper (et à descendre) sur la deuxième moitié du parcours. Comme j'avais fait attention de ne pas me mettre dans la "Red zone" pour gravir les deux premières difficultés, j'avais de bonnes jambes pour finaliser la deuxième moitié du parcours à vélo. Naturellement, la réalité d'une course n'est pas toujours si facile. Au kilomètre 165, mon pneu arrière a fait "capoot"... une crevaison… je me suis dit que j'avais possiblement, non pas une crevaison, mais un "slow"... et j'avais raison... Mes deux cartouches CO2 ainsi que celle d'une supportrice me permettront de souffler à quelques reprises (5 fois) mon pneu et d'atteindre la zone de transition (fin du segment vélo) sans devoir réparer la crevaison. Je pense qu'un petit ange veillait sur moi !
Malgré tout, à la fin du segment vélo, j'étais un peu amoché ! Ce n’est pas rien une balade de huit heures sur un rythme intense.
Après une petite pose biologique, j’ai amorcé le marathon de course à pied. Le parcours est difficile mais très intéressant puisque d'une part, il faut grimper une très bonne côte pour atteindre le village d'Embrun, et d'autre part, lorsqu'on atteint le village, il y a de nombreux supporteurs qui encouragent et qui nous motivent à poursuivre. Ma préparation à la course dans les sentiers du Mont-Saint-Hilaire et Saint-Bruno était bien adapté au profil de ce parcours.
À l'issue de cette expérience, aucun doute ne subsiste dans ma tête... la préparation d'une épreuve de montagne à vélo nécessite une préparation adaptée à ce type de parcours ainsi qu’à la distance franchir.
L’EmbrunMan est une expérience s’ajoute à aux précédentes. Elle devrait m’aider à grandir comme triathlète et à mieux me préparer pour les prochaines épreuves. Donc, c’est un rendez-vous pour le demi-Ironman au Mont Tremblant en juin 2023 encore mieux préparé que la dernière fois !
Je termine en soulignant que le village d'Embrun est magnifique, il possède de nombreux et très bons restaurants et les gens sont accueillants et gentils.